À l’occasion de la Semaine Mondiale de l’Entrepreneuriat, nous vous avons présenté le point de vue de notre fondateur, Julien Clouet, sur la phase de démarrage d’un projet. Nous abordons aujourd’hui sur les expériences et les échecs de Julien Clouet, qui se sont révélés être un véritable tremplin pour sa carrière professionnelle. Nous nous pencherons également sur les défis à relever, et les erreurs à ne pas commettre quand on se lance.
La particularité d’une startup, c’est la notion de croissance et de challenges continus. Nous les abordons avec Julien au cours de cet entretien.
Bonjour Julien ! Reprenons sur le sujet du lancement d’une start-up : est-ce possible d’éviter l’échec avant qu’il ne se produise ?
Quand on se lance, il faut se fixer un objectif et une date. Mais le plus important est de s’y tenir.
Si vous ne respectez pas cette règle, vous trouverez toujours une bonne excuse pour continuer et la pire des situations c’est une boite qui vivote. Si elle génère si peu, c’est qu’il y a un problème dans le modèle économique. L’épuisement et le fait d’être consumé par l’esprit d’entreprise sont des risques qui peuvent mener à l’échec.
Le déni de l’échec est bien réel.
Pour éviter une telle situation, je dirais qu’il est nécessaire de pouvoir compter sur une équipe de 2 à 4 personnes, toutes issues de cursus différents et dont les rôles sont bien définis. Cependant, cela peut parfois se révéler plus facile à dire qu’à faire face aux défis du quotidien. Ensuite, comme je l’ai mentionné lors des interviews précédentes, il faut se concentrer sur un seul marché. De nombreuses start-ups cherchent à se positionner sur plusieurs marchés et ciblent plusieurs types de clients. En procédant de la sorte, elles augmentent le risque d’échec. Enfin, en guise de conseil, je leur recommanderais de co-construire leurs projets avec le client final, comme nous l’avons fait avec le groupe Solocal. Il nous fallait plus qu’une simple étude de marché. Nous voulions nous assurer de répondre à un besoin réel. En nous faisant auditer par les équipes achats du groupe Solocal, nous avons pu bénéficier de plusieurs avis.
Peux-tu nous faire part de tes échecs et des leçons que tu en as tirées ?
Cela m’est arrivé lors de mon premier projet. J’ai vécu en Thaïlande où il y a beaucoup de tailleurs et mon idée à l’époque était de créer des ‘boxes’ avec un mètre de mesure et des échantillons de tissus. Par la suite, le client devait entrer ses mesures sur l’application ou sur le formulaire papier inclus dans la boîte et donner des détails sur le costume qu’il voulait : Col italien, etc. Nous l’avions appelé « My Tailor Box ». Malheureusement, la qualité du travail n’a pas été à la hauteur des attentes, les costumes n’étant pas bien coupés, etc. Nous ne pouvions pas aller de l’avant. J’ai repoussé les objectifs que je m’étais fixés au départ jusqu’à ce que je me dise stop ! J’avais le désir d’entreprendre, mais il fallait que je fasse mon deuil et que je renonce à ce projet.
Je suis passé du statut d’entrepreneur à celui d’employé. J’ai dû être managé. Je travaillais pour combler des manques mais j’ai pris le temps de vivre. J’ai pris le temps de me construire et au fur et à mesure que j’avançais, je travaillais pour être meilleur dans les projets que je réalisais. En soi, les choses fonctionnaient assez bien là où j’étais. J’ai travaillé pour un grand groupe, j’avais un périmètre très large et intéressant, avec de réels changements. Tous les trois mois, je réalisais de nouveaux projets et je dirigeais une très grande équipe, mais je ressentais encore un manque.
Un des enseignements que j’ai tirés de cet échec est que j’y voyais une expérience qui me serait très utile pour l’avenir. Cela m’a permis de me construire et d’acquérir des compétences en matière de gestion de crise et de gestion des obstacles du quotidien.
Un déclic dans ta vie personnelle ?
Ce qui a marqué mes années d’entrepreneuriat, c’est la naissance de mes enfants. Ce fut un catalyseur. Je voulais que mes enfants soient fiers de moi. Je voulais donner du sens à ce que je faisais et laisser une trace. C’est à la naissance de mon premier enfant que j’ai démissionné du grand groupe où je travaillais et que j’ai pris la décision de me lancer. Pourtant, lorsque vous avez un enfant, vous êtes plus enclin à rechercher la stabilité et éviter de tels risques. Mais je l’ai fait et je ne le regrette pas. On m’a un peu traité de fou au début parce qu’en général, quand on a des enfants, on devient responsable mais la naissance de mes enfants a été un véritable déclic pour moi…
Les déclics sont uniques, tout comme les personnes qui portent ces idées sur le devant de la scène.
L’essentiel est de se remettre régulièrement en question, de profiter des échecs passés et de s’en servir comme tremplin.
Quels sont les éléments à bien contrôler quand on se lance ?
- Le « time consuming »
Le meilleur conseil : être très attentif à tout ce qui est chronophage. Ce qui marche à 100, ne marche pas forcément à 500.
Si on ne fait pas attention au temps et actions gaspillés, on va droit dans le mur.
Il faut être méticuleux dans l’identification de ces gaspillages et impliquer toutes les parties prenantes (dans la bonne humeur) pour repérer/éviter ces gâchis (temps, rations, etc). Il faut être capable de se projeter: ma structure compte 100 salariés aujourd’hui et j’en veux 1000 demain. Est-ce que ma société tient la charge ? Est-ce que mon organisation tient la charge ? Au sein de la startup, chacun doit se poser la question sur ses activités.
LBC aujourd’hui s’oriente plus vers la scale-up. Il y a encore la notion de croissance forte de la startup mais elle est plus maîtrisée. On est entre les deux.
- L’intérêt envers sa cible
Il y a un élément qui est très important : c’est de mettre l’intérêt de l’utilisateur, du produit ou du service en premier. Cela doit devenir votre motto. Se faire plaisir techniquement ou fonctionnellement, ce n’est pas respecter ce motto mais ajouter des fonctionnalités dont les gens n’ont pas besoin… Finalement, l’impact sera négatif pour l’entreprise. Il faut rester humble et se souvenir que le meilleur feedback vient de vos premiers clients.
- La simplicité
Les gens aiment se complexifier la vie, tout le temps. Il faut garder une vision de la simplicité même si ce n’est pas facile. Pourquoi ? parce qu’on a tendance à croire que plus l’on crée de choses compliquées, plus on est intelligent. Au contraire, le plus intelligent c’est de créer des choses simples. Soyons réalistes !
Comment mettre les millennials au centre de l’équation ?
La première priorité, c’est de comprendre qu’ils viennent chercher du sens. Il y a des millennials qui vont rester dans le même job si le sens est là. Il faut donc que l’entreprise qui les accueille se concentre sur l’histoire, les valeurs et le sens. Les millennials ont une vraie force de travail, ils sont connectés au monde de maintenant, ils sont numériques. Il faut donc être dans une organisation capable de cultiver ce sens-là. Il faut favoriser une approche en mode projet.
Puis, il faut éviter une hiérarchie à plusieurs niveaux pour une organisation de dix personnes : un pilote suffit avec des collaborateurs au même niveau dans des pôles projets.
Ils ne veulent pas travailler juste pour un salaire.
L’école doit être la culture générale. Elle doit vous permettre d’être une éponge en entreprise. Les nouveaux métiers arrivent très vite. Il faut donc être curieux et intéressé par le monde et avoir un esprit critique sur chaque chose et l’école doit être là pour ça.
Merci Julien pour ce retour d’expérience ! Si vous souhaitez en savoir plus sur LittleBIG Connection ou devenir membre de la LittleBIG Community, posez toutes tes questions à notre équipe Support ou rejoignez-nous sur la plateforme !
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