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« Il est essentiel pour les grands groupes d’expliquer aux freelances le pourquoi de leur activité », Chams Sallouh

Freelance pendant deux ans dans la data, Chams Sallouh est aujourd’hui professeur et coach pour indépendants et recrute des freelances pour des clients PME et des grands groupes. Nous l’avons interrogé dans le cadre de notre étude « Les grands groupes qui font rêver les freelances ». 

On constate que 33% des freelances privilégient les grands groupes pour leurs missions, tandis que 20% préfèrent les structures plus petites (47% n’ayant pas de préférence). A vos yeux, quelles sont les raisons qui incitent un freelance à se tourner avant tout vers les grands groupes ?

J’ai accompagné un grand nombre de freelances et je constate que beaucoup privilégient les contrats bien cadrés et sur le long terme (par exemple des contrats sur 12 mois, à 4 jours par semaine), plutôt que de multiplier les petites missions de 2 mois par-ci, 3 mois par-là. Ils se tournent généralement vers les grands groupes car, chez eux, les contrats sont annualisés. Pour ceux qui recherchent de la stabilité et qui n’ont pas envie de courir après leur gagne-pain, c’est ce qu’il y a de mieux.

Autre avantage des grands groupes pour les freelances : ils offrent l’opportunité de baigner dans un environnement professionnel formateur, ce qui est essentiel, notamment pour quelqu’un qui débute. Les grands groupes sont synonymes de transfert de connaissances et de bonnes pratiques dans un domaine qu’ils dominent depuis longtemps. On y évolue avec des standards élevés, auprès d’une équipe experte, et qui fait grandir. On apprend des compétences très pointues, avec un environnement contraignant. Dans des petites entreprises, au contraire, un freelance peut vite être amené à faire du bricolage car personne ne sera là pour challenger et encadrer le projet.

Au contraire, quels sont, selon vous, les arguments en faveur des entreprises de plus petite taille, qui peuvent détourner un freelance des grands groupes ?

En contrepartie de la garantie d’apprentissage qu’on va trouver dans une grande entreprise, on a une marge de manœuvre qui est souvent très limitée en tant que freelance : on ne demande pas de créativité et d’innovation dans les DSI des grandes entreprises. À l’inverse, les petites entreprises viennent chercher les freelances spécifiquement pour leur donner carte blanche et apporter de l’innovation.

Autre point bloquant pour certains grands groupes : leur réputation. Ceux qui ont été en lien avec un scandale environnemental, financier, RH ou politique, que le scandale soit légitime ou non, sont souvent des repoussoirs pour les freelances. Tout simplement parce qu’ils ont besoin de mettre en avant leur expérience chez leurs clients, et il s’agit là de leur propre image qui est engagée.

De plus en plus de freelances privilégient donc les groupes qui ont un impact positif sur la société et qui ne font pas de greenwashing.

Notre classement a couronné des entreprises comme AXA, BNP Paribas et Décathlon. Selon vous, quels profils de grands groupes sont les mieux placés pour attirer les freelances ?

On parlait d’impact positif, c’est clairement une préoccupation aujourd’hui et ça le sera encore plus demain. Les jeunes freelances avec qui je travaille (15-25 ans) sont intransigeants et radicaux dans leur prise de position. Les grands groupes qui ne montrent pas d’engagement pour la réduction de leur empreinte carbone et sur les sujets RSE sont rejetés par ces futurs talents. Les grandes entreprises qui, au contraire, ont un impact positif sur le quotidien des gens, doivent absolument donner de la visibilité à leurs actions. Il est essentiel aujourd’hui pour les grands groupes d’aller au-delà du « quoi » et d’expliquer le « pourquoi » de leur activité.

Au-delà de la taille d’entreprise, en tant que freelance, lorsque vous recherchez une mission, quels sont pour vous les critères les plus importants ? Pourquoi ?

Les freelances n’acceptent plus de faire des heures de transport pour aller travailler dans les locaux de l’entreprise sans qu’il y ait un réel besoin. Et si le client insiste sur cette condition, cela envoie d’autant plus le signe que le management interne n’est pas agile. Il faut donc que les entreprises soient transparentes sur ce point et établissent clairement les modalités de la flexibilité proposée, dès le début du process de contractualisation.

Autre critère important : le format de collaboration, à savoir comment les équipes fonctionnent. Certaines missions se résument à une liste de tâches très précises, ce qui peut parfaitement correspondre aux attentes de certains profils qui préfèrent être dans l’exécution. Tandis que d’autres missions requièrent plus de participation à la phase de définition d’un projet, ce qui attirera des personnes plus créatives, en recherche de challenge.

Le critère du TJM (tarif journalier moyen) est évidemment important aussi. Il doit être établi immédiatement, de façon honnête, et avec une fourchette claire. Enfin, il est toujours agréable d’avoir de la visibilité sur le nombre d’entretiens à passer pour obtenir la mission

Pour finir, un conseil pour les grands groupes français qui souhaitent améliorer leur attractivité auprès des freelances ?

Je pense qu’une communication sincère est indispensable : il faut que le groupe explique sa mission et sa raison d’être pour que le freelance puisse se projeter.

Il serait aussi intéressant d’encourager les freelances qui ont précédemment collaboré avec ces grands groupes à témoigner sur leur expérience, de manière honnête et non-rémunérée. Il serait utile de mettre l’accent sur les équipes plutôt qu’uniquement sur l’entreprise : avec qui le freelance a-t-il travaillé, sur quelle problématique, pour quel résultat, et quel est son ressenti sur la collaboration.

Les canaux à disposition pour ce type de contenus sont nombreux : réseaux sociaux, plateformes de micro-blogging, contenus sur YouTube façon mini-reportages etc. Ce sont les codes du futur !

Retrouvez dès à présent l'intégralité de l'étude

Quels grands groupes français font rêver les freelances ?

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