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« Avec des moyens importants et des responsabilités, on explore au maximum son expertise et son métier » Thomas Burbidge

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Auparavant consultant branding et storytelling en freelance, Thomas Burbidge se dédie aujourd’hui à l’accompagnement des indépendants et entrepreneurs. Il est aussi le fondateur du podcast Young, Wild & Freelance, référence sur les sujets lié au freelancing et l’indépendance. Dans le cadre de notre étude, il a accepté de nous partager son retour d’expérience en tant que freelance en mission au sein de grands groupes.

Lorsque leur activité marche bien, les freelances ont cette liberté de pouvoir choisir le type de clients avec lesquels ils souhaitent collaborer. Quel est l’intérêt pour un freelance de choisir de travailler avec un grand groupe ?

Ce qui est stimulant, c’est l’envergure des projets et les moyens mis en œuvre. En tant que freelance, on peut se retrouver à imaginer une stratégie de développement avec parfois plusieurs millions d’euros de budget alors que quand on travaille avec des startups, on essaie plutôt de faire au mieux avec les moyens du bord. Avec ces moyens et les responsabilités qu’on nous confie, on explore au maximum son expertise et son métier, ce que l’on n’a pas toujours l’opportunité de faire dans toutes nos missions.

Autre point important : à chaque fois que j’ai travaillé avec des grandes structures, cela a constitué des marqueurs de crédibilité qui valident mon expertise. Toutes ces collaborations que j’ai eues par le passé marquent ma carrière tout en créant ma légitimité et ma réputation pour le futur. C’est très intéressant pour les indépendants car un portefeuille client demeure un bel argument à adresser à de nouveaux profils.

Notre enquête révèle que le bouche-à-oreille demeure un levier de recommandation très puissant. Est-ce votre cas ?

Complètement ! La recommandation a toujours été mon levier le plus puissant quand je faisais mes missions branding. Parfois même de manière non suffisamment contrôlée. Un exemple : le directeur d’une agence de communication m’avait appelé pour me proposer de rejoindre un groupe de freelances travaillant sur une mission pour une grande marque. Il m’avait alors dit qu’on lui avait recommandé mon profil. Et il ne se souvenait plus de qui lui avait parlé de moi. C’était très frustrant mais c’était le signe que mon réseau de recommandation fonctionnait bien. De mon côté, ça m’arrive de pousser régulièrement des freelances de ma communauté. Je les recommande souvent dans des entreprises dans lesquelles je suis passé.

Globalement, c’est la recommandation qui crée le plus de confiance et facilite le plus de lien des deux côtés. Si je recommande à quelqu’un de travailler avec quelqu’un d’autre, les deux personnes vont entrer en relation avec une barre de confiance déjà remplie à 80%. Alors que si le premier contact se fait via une plateforme, on entre un peu à tâtons dans la relation, on ne se connait pas et il y a tout à prouver. La recommandation, c’est donc un des leviers qui crée le meilleur lien de confiance et les meilleures bases sur lesquelles travailler ensemble.

Pour aller plus loin, je dirais qu’il y a un enjeu pour les grands groupes sur la mise en contact entre les équipes internes et les indépendants qui sont passés par l’entreprise. Il faudrait que chacun puisse se faire caisse de résonance sur son expérience afin d’aider l’entreprise à identifier des talents, qu’ils soient internes ou externes. Par exemple, pour un freelance, il s’agirait de partager le fait que tel groupe est un cadre agréable où travailler ou que la mission chez eux s’est très bien déroulée. C’est dans l’intérêt de tous et toutes.

Comment, selon vous, un grand groupe peut-il gagner en attractivité auprès de la communauté des freelances ?

Il faudrait nous intégrer à la vie de l’entreprise comme n’importe quel salarié. J’ai déjà entendu des histoires de freelances travaillant dans des grands groupes à ce sujet. Ils ont une vie d’entreprise avec les autres salariés, ils vont à la cantine ensemble, mais quand il y a un afterwork ou un séminaire, ils ne sont pas invités. Tous les collègues avec qui ils travaillent depuis 3 mois sur cette mission dans laquelle ils s’investissent énormément partent, mais eux non.

Il y a des avantages à déléguer à un freelance des responsabilités sur lesquelles il est expert mais les entreprises ne peuvent à mon sens pas faire l’impasse de donner des avantages en retour. Ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas salariés qu’on va éviter de payer 50€ pour ne pas les inviter au resto d’équipe de fin de trimestre. Au contraire, il faudrait que les indépendants se sentent vraiment chez eux et pas juste comme des prestataires qu’on prend et qu’on jette parce que c’est plus avantageux financièrement parlant. Traitons-les comme des travailleurs qui font une vraie différence pour l’entreprise, puisque c’est ça qu’il se passe concrètement.