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« Travailler avec des grands groupes implique beaucoup de clauses, de process et de choses contractuelles sur lesquelles il faut être vigilant », Christopher Piton

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Coach et ghostwriter LinkedIn, Christopher Piton aide les dirigeants à bâtir leur réputation sur la plateforme grâce à une stratégie éditoriale bien ficelée. Il est également l’auteur du livre À la conquête de LinkedIn publié aux éditions Eyrolles. Dans le cadre de notre étude « Les grands groupes qui font rêver les freelances », il nous a livré sa vision sur les challenges à adresser aux grands groupes.

Dans notre étude, nous avons observé que beaucoup de freelances ont encore des réticences à travailler avec des grands groupes. D’après-vous, sur quels axes les grands groupes doivent-ils travailler pour gagner encore en attractivité auprès des freelances ? 

À mes yeux, les grands groupes ont encore de nombreux points à améliorer vis-à-vis des freelances. Pour commencer, ce sont la lourdeur et la complexité des démarches administratives. Ils peuvent prendre beaucoup de temps pour finaliser des contrats car il y a souvent des tonnes de documents comme les procès verbaux à signer voire plusieurs RDV pour finaliser le contrat. Cela ajoute du temps de travail et tous les freelances qui ne sont pas calés sur les sujets juridiques. Ce qui ralentit le travail et cause des retards sur une deadline définie en amont. On se retrouve soit à mettre les bouchées doubles pour respecter les délais de production, soit on est payé plus tard car souvent le solde est payé après le rendu des livrables.

Un autre point d’attention est celui des contraintes de confidentialité qui peuvent être trop strictes. J’ai travaillé avec des grands groupes qui refusent d’être cités comme référence client. Or c’est un véritable inconvénient pour le freelance qui souhaite ajouter de la preuve sociale pour promouvoir son travail. Ça fait partie du jeu et il y aura d’autres clients mais c’est frustrant. Pour le ghostwriting l’enjeu est différent car on travaille comme marque blanche. Dans ce cas-là, on ne pourra pas demander une recommandation publique au dirigeant par peur que leur écosystème sache qu’il n’écrit pas lui-même ses contenus. Ce qui pourrait le discréditer.

Concernant le paiement des prestations, les grands groupes appliquent les mêmes règles qu’à des entreprises qui ont de grosses trésoreries. Ce souvent des paiements à 30 voire 45 jours fin de mois. Ils savent que les freelances négocient rarement ce délai par peur qu’un concurrent gagne la prestation. Or, un freelance ne peut pas travailler dans ces conditions car il n’a pas le même niveau de trésorerie. Ce serait bien d’assouplir ce délai et payer tout de suite le prestataire par simple respect même si le paiement de la prestation est souvent garanti. Je ne suis pas sûr que les grands groupes apprécieraient que le freelance commence à travailler à 30 jours fin de mois.

Enfin, j’invite les grands groupes à ne pas traiter les freelances comme des salariés. Certains exigent par exemple une présence dans leurs locaux alors que ce n’est pas toujours nécessaire. On n’est pas devenu freelance pour s’imposer un rythme de 9h-17h dans un bureau. De plus, le freelance se doit d’être respecté comme un membre de l’équipe car il peut intervenir sur de longues missions. Être mis à l’écart lors d’événements d’équipe comme des repas à l’extérieur n’est pas la meilleure option.

Plus globalement, travailler avec des grands groupes implique beaucoup de clauses, de process et de choses contractuelles sur lesquelles il faut être vigilant.

Quels risques prennent les grands groupes en ne travaillant pas sur ces axes d’amélioration ?

Les freelances parlent beaucoup entre eux. Le monde est plus petit que l’on ne croit. Si un freelance a eu une mauvaise expérience chez un grand groupe, il n’hésitera pas à le partager avec d’autres personnes de sa communauté. Par exemple, une chose sur lesquelles les grands groupes doivent s’améliorer c’est le respect du temps des freelances. Quand les clients se connectent 10 ou 15 minutes en retard à une réunion ça a un impact sur notre temps, notre travail et notre rentabilité. Or cela renvoie une mauvaise image et peut pousser le freelance à prévenir son écosystème de ce genre de pratique. Le but d’une mission reste tout de même que tout le monde soit satisfait et enrichi de l’expérience.